Les poissons peuvent être classés en différents groupes suivant leur régime alimentaire. Ils sont répartis classiquement en 4 grandes catégories suivant une certaine classification :
- Les herbivores, comme la carpe chinoise (Ctenopharyngodon idella), s’alimentent uniquement de végétaux (plantes ou algues) et ont besoin de beaucoup de temps pour s’alimenter ;
- Les détritivores, mangeant les organismes en décomposition, comme la carpe africaine Labeo lineatus ;
- les omnivores, comme la carpe commune (Cyprinus carpio) sont très opportunistes. Ils associent nourriture carnée et végétaux (équilibre des protéines, glucides et lipides) lors de multiples prises de nourriture tout au long de la journée ;
- Les carnivores, comme la truite, se nourrissent de vers, d’insectes, de crustacés et même parfois d’autres poissons (nourriture riche en protéines et en lipides) les prises de nourriture sont peu fréquentes, typiquement 1 à 2 fois par jour.
Alimentation dans la nature (ou en élevage extensif comme il est pratiqué dans la région de la Dombes)
La carpe commune est un poisson omnivore (ou polyphage) à forte tendance carnivore et non pas herbivore comme on le croit généralement. Elle possède un large spectre alimentaire avec une préférence pour la nourriture benthique la plus disponible, au moindre effort : proies animales et végétales benthiques (crustacés, ostracodes, mollusques : moules d’eau douce, escargots, limnées…, vers oligochètes (Tubifex), larves et pupes d’insectes, en particulier celles des chironomides (le fameux ver de vase, larve du chironome – moustique) des trichoptères et des éphéméroptères, écrevisses, algues chlorophycées (algues vertes) et cyanophycées (algues bleues), graines de diverses plantes aquatiques : Scirpus, Potamogeton…). C’est un poisson fouilleur des fonds et déracineur de végétaux et à l’occasion il peut aussi s’attaquer aux autres poissons en fonction de leur taille et manger les œufs lors du frai.
La part peu importante des plantes aquatiques dans le régime s’explique par le manque de dents permettant leur incision et par un déficit en une enzyme digestive : la cellulase. Des débris végétaux, des macrophytes morts et divers débris organiques (et même minéraux) sont ingérés sur le fond, correspondant à une activité benthophage. Ainsi, la carpe serait l’espèce qui exploite le mieux les ressources benthiques.
Voir notre page pour savoir comment nourrir les carpes koï ?
L’alimentation en élevage
L’élevage des poissons pose un véritable problème. Contrairement aux autres espèces animales domestiquées et élevées pour leur chair (volailles, ruminants, porcs) les poissons montrent des besoins élevés en protéines. Ils sont en terme de besoins alimentaires plus proches de certaines espèces domestiquées, comme les chats. L’alimentation d’un animal aquatique est de plus, moins facile que celle d’un animal terrestre, l’aliment devant présenter une grande stabilité dans l’eau.
Mais que mangent donc les poissons d’élevage ? Essentiellement des aliments composés servis sous forme de granulés qui sont un mélange de farines de poissons, d’huile, de céréales et de graines protéagineuses telles le colza et le soja ainsi que des minéraux et des facteurs de pigmentation comme les coquilles de crevettes et les extraits d’algues.
D’une manière générale, les poissons d’élevage sont plus gras que les poissons sauvages, mais comme on ne dispose que de peu de données relatives à l’alimentation en milieu naturel, ce type de comparaison a une signification limitée. Toutefois, il semble que cette différence soit liée à l’alimentation plus abondante mais aussi plus énergétique (aliments à forte teneur en lipides en particulier) des poissons d’élevage. Ces différences peuvent s’estomper dès que l’on veille à ce qu’il n’y ait pas suralimentation.
En conditions d’aquaculture, une alimentation maîtrisée doit assurer une croissance optimale tout en limitant les rejets azotés dans les bassins d’élevages. Le poisson se distingue des animaux terrestres par son besoin élevé en protéines. Ainsi, l’un des enjeux est de réduire le coût protéique de l’aliment par divers moyens tels que le remplacement de la farine de poisson, principale source des aliments piscicoles, par des protéines d’origine végétale. Si le remplacement partiel de la farine de poisson par des protéines végétales est déjà une réalité, d’autres problèmes surgissent dès qu’il s’agit d’une substitution plus forte. Contrairement aux farines de poisson, les farines végétales sont déséquilibrées en acides aminés essentiels (AAE), d’où la nécessité de connaître les besoins exacts du poisson pour ces différents acides aminés.
En dix ans, les rejets d’azote ont ainsi été divisés par près de trois. Reste que l’industrie consomme une certaine proportion de poissons issus de la pêche » minotière « . Il s’agit généralement de poissons fourrages des mers froides, peu prisés des consommateurs humains, mais qui ont également besoin d’être préservés. Aussi les chercheurs se penchent-ils sur le 100 % végétal faute de revenir à l’utilisation de farines d’animaux terrestres abattus en boucherie pour des raisons plus psychologiques que de santé publique.
Farines animales : Le CIPA a proscrit dès 1996 les apports de farines d’animaux terrestres qui entraient jusque-là à concurrence de 10 % dans les granulés. Cette décision, prise dès la première crise provoquée par la maladie de la vache folle, avait pour but de rassurer les consommateurs.