Quiconque élève des animaux est confronté un jour à l’autre à la reproduction (souhaitée ou subie) de ses pensionnaires. Ensuite selon différents paramètres quelques œufs, alevins échapperont à la voracité des adultes, à la sélection naturelle… et il n’en restera qu’un tout petit pourcentage à la fin de l’année.
Les femelles pondent des milliers d’œufs qui s’accrocheront notamment sur les plantes aquatiques. Les mâles déversent par-dessus leur laitance (des millions de spermatozoïdes) afin de les féconder. En bassin naturel, sans intervention de notre part, une cinquantaine de petits poissons (par femelle adulte) pourront survivre. Chance, hasard, sélection naturelle… enfin toujours est-il que ce ne seront pas forcément les plus beaux qui resteront.
A travers l’élevage, le principal intérêt est de sélectionner les poissons afin d’obtenir des spécimens de plus en plus beaux, ou de développer une originalité intéressante. Dans ce cadre, laisser faire la nature ne permettra pas d’obtenir de bons résultats et pourra même décourager l’amateur.
Sans entrer dans des installations compliquées, il est possible de débuter un élevage de poissons rouges avec peu de moyens si l’on dispose de quelques m² de libres dans une pièce (chauffée et lumineuse).
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La base du matériel pour permettre l’élevage des alevins :
Aquariumde 20 L et de 100 L :
Pompe à air (100 L/H) : Diffuseur :
Filtre sous sable : Filtre intérieur :
Le matériel en illustration a quelques années, mais il existe des modèles actuels similaires qui conviennent parfaitement. Au démarrage l’installation comporte un aquarium de 20 L, un aérateur et son diffuseur. Après une dizaine de jours on passe au filtre sous sable qui ne risque pas d’aspirer les alevins. Lorsque les alevins mesurent 2 cm ils sont déplacés dans un aquarium de 100 L avec filtration intérieure sur mousse.
Si l’on recherche à maintenir, renforcer un aspect, une forme de nageoires, une coloration… il faudra choisir avec soins ses géniteurs, la qualité de la descendance en dépendra. Si l’expérience est plus pédagogique, il suffira de sélectionner une femelle et deux mâles que l’on mettra ensemble ou tout simplement de récupérer, en période de frai, des œufs collés sur des plantes aquatiques dans le bassin.
Comment reconnaître un poisson femelle d’un poisson mâle ?
- la forme générale du corps : abdomen plus rond pour une femelle, plus élancé pour un mâle
- apparition de petits points blancs sur les opercules des ouïes et sur la première arête des nageoires pectorales pour le mâle en période de frai
- forme différente de la zone génitale à la base de la nageoire anale : creuse chez le mâle, bombée et avec une excroissance tubulaire pour la femelle. (photos ci dessous)
Les poissons rouges se reproduisent plusieurs fois par an… il suffit donc de récupérer les œufs au bon moment. Pour cela le bac d’élevage sera rempli avec l’eau de l’aquarium d’où provient la ponte, ou bien avec l’eau du bassin. (attention à la température) Il est possible de le remplir quelques minutes avant de placer les œufs car l’eau étant vieillie, il n’y aura pas de montée de nitrites.
Il est conseillé de déplacer le support de ponte naturel (plantes) ou artificiel (fibres tressées) juste après la fécondation par le mâle pour éviter tout cannibalisme. Les œufs transparents (1 mm de diamètre) mettront 4 à 5 jours à 20°C pour éclore. Pendant ce temps il faut bien oxygéner et brasser l’eau de l’aquarium. Pour éviter tout développement de moisissures sur les œufs, il est possible de traiter préventivement avec un anti-fongique.
Pendant les 2 à 3 premiers jours, les alevins mesurant 5 mm vivent sur les réserves de leur sac vitellin et sont la plupart du temps collés sur les parois verticales. Ensuite il faut leur donner à manger des rotifères, infusoires… l’ajout de plantes oxygénantes permet d’introduire en même temps un peu de nourriture. Attention cependant aux prédateurs qui peuvent s’y cacher : larves de libellules, de dytiques ou même des hydres.
Hydre (taille réelle 2 cm) et larve d’agrion (libellule – taille réelle 2,5 cm) :
Il existe de la nourriture en poudre toute prête qui convient bien les premiers temps, on peut aussi utiliser des comprimés d’Infusyl© (tube de 10) ou des tablettes de Tetra Tabi-Min© que l’on émiettera à la surface de l’aquarium. Le jaune d’œuf cuit est aussi très nourrissant. Il faut le réduire en bouillie avec un peu d’eau.
Attention,toute nourriture non consommée polluera l’eau de l’aquarium. Il faut donner detrès petites quantités plusieurs fois par jour. A titre d’exemple, deux jaunesd’ufs cuits sont utilisés pour un volume de 5 000 L d’eau !
Pour ceux qui désirent faire de la sélection et obtenir une souche d’élevage, il conviendra de choisir des parents ne présentant aucun défaut qui pourrait être transmis à sa descendance. Une photographie des géniteurs permet de suivre l’évolution de la sélection.
Ensuite il existe principalement deux méthodes pour créer une souche stable :
- La consanguinité (accouplement entre frères et sœurs de chaque génération en gardant les plus beaux spécimens)
- L’élevage linéaire (croisement en arrière sur deux générations entre père et fille et mère et fils)
Il faut tenir un livre d’élevage pour noter tous les croisements et ne pas sortir de la méthode que l’on a choisie au démarrage. Les risques de la consanguinité n’apparaissent pas avant la 6 ou 7 ème génération. Ensuite il faut investir dans du matériel pour permettre de suivre l’évolution des différentes générations… Si l’on dispose de petits bassins extérieurs naturels (filtration minimum ou par lagunage, pas d’UV), il est préférable d’y placer les petits poissons (sans mélanger les générations !) afin qu’ils grossissent plus vite.